L'ACUPUNCTURE AU JAPON

 

Les origines de l'acupuncture

Ce sont les moines bouddhistes, venus de Chine et de Corée, qui, au 6ème siècle ont apporté la médecine chinoise au Japon. La plus ancienne archive sur ce sujet, rapporte que le moine Chiso (Zhi Cong) en 562, arriva au Japon avec 162 livres sur l'acupuncture et la pharmacopée traditionnelle chinoise. En 762, l'empereur japonais fonda l'université impériale de medecine, qui proposait un cursus de 7 ans en acupuncture et moxibustion et un autre de 7ans en pharmacopée. Cette université proposait également un programme de 3 ans pour apprendre le massage traditionnel chinois (TUI NA). La médecine orientale s'est développée et a prospéré jusqu'à la fin du 12ème siècle, après quoi elle a commencé à stagner.

Il faudra attendre le 15ème siècle pour que les médecines orientales redeviennent populaires, en partie en réaction à la médecine occidentale introduite au Japon par les universitaires et commerçants allemands. A cette époque, beaucoup de commentaires furent écrits sur les livres classiques Nei Jing (1) et Nan Jing(2). Ainsi c'est à cette période que la théorie sur les pouls des 12 méridiens devint populaire au Japon, en compétition avec la théorie des 28 pouls qu'il existe dans le diagnostic chinois.
Durant cette période, Isai Misono introduisit la palpation abdominale, une méthode japonaise pour le diagnostic et le traitement. En 1600, l'acupuncteur (aveugle) Waichi Sugiyama inventa une nouvelle méthode de puncture : on pique les points d'acupuncture avec l'aide d'un " tube insertion ", ce qui permet l'insertion d'aiguilles extrêmement fines. C'est en 1700 que furent publiés les premiers livres sur la pédiatrie "shoninshin", qui permirent à la pédiatrie de devenir une spécialité à part entière.

Trois courants ont émergé vers la fin du 17ème siècle et sont encore d'actualité de nos jours. En 1774, un manuel d'anatomie traduit de l'allemand a fait grande impression sur la communauté médicale japonaise. C'est à partir de cet ouvrage que fut crée l'école Rampo qui base sa théorie de puncture (insertion de l'aiguille) en fonction de la location anatomique et de la fonction des nerfs, plutôt que sur la théorie des méridiens et de la palpation abdominale. Une autre école s'est développée à cette époque, il s'agit de l'école Koho. C'est après avoir étudier les ouvrages médicaux chinois de la dynastie Han, comme par exemple le Shang Han Lun (Traité du froid nocif) que cette école a développé le Kanpo avec une approche purement japonaise de la pharmacopée. Enfin une troisième école est apparue à cette époque, elle chercha à combiner l'ancienne théorie du Nanjing avec des techniques et découvertes modernes. On pense que c'est cette école qui a pu donner naissance à la thérapie par les méridiens.

L'acupuncture de nos jours au Japon

On recense environ 52 000 acupuncteurs possédant un diplôme délivré par l'état, et 10 000 médecins qui pratiquent l'acupuncture. On dit que 40% des acupuncteurs japonais sont aveugles. Traditionnellement les aveugles sont dirigés vers des carrières d'acupuncteur ou de masseur (shiatsu).
Un cursus d'acupuncture dure trois ans et comporte environ 2250 heures de cours. Il existe 54 écoles d'acupuncture au Japon, dont 17 sont exclusivement réservés aux étudiants aveugles, avec à peu près la même proportion de femmes que d'hommes. En plus des cours théoriques (dans lesquels une partie est consacrée à l'apprentissage de la médecine occidentale) 780 heures sont consacrées uniquement à l'entraînement de l'insertion d'aiguilles et à la pratique du moxa sur des objets inanimés.
Avant d'obtenir son diplôme, l'apprentissage se poursuit auprès d'un acupuncteur déjà installé ou auprès d'une clinique, et une fois diplômé ils continuent de suivre des formations le week-end sous forme d'atelier de travail. Généralement, l'apprentissage de la pratique commence en troisième année et peut durer parfois 10 à 20 ans. Durant les stages cliniques et les formations post-diplômés, chaque acupuncteur essaie de définir son style en se rattachant à un style ou une école.

Mathias Vigouroux

1- "Classique interne de l'Empereur Jaune". Tout les fondements de la théorie de la médecine chinoise. Première et principale référence. Divisé en 2 parties: Su Wen (simples questions) et Ling Shu (pivot spirituel).
2-"Classique des difficultés". 81 difficultés du Nei Jing sont présentés sous forme de questions et réponses.